Une conférence d’automne pour redécouvrir Marguerite de Lorraine

L’historien Franck Mauger présenté par le président des Amis du Perche de l’Orne (photo : Michel Ganivet)

Samedi 23 novembre 2019, les Amis du Perche de l’Orne ont organisé leur conférence d’automne à la salle des fêtes de Mortagne, réunissant plus de 100 personnes, sur Marguerite de Lorraine. Pour cela, Jean-François Suzanne avait convié Franck Mauger, « professeur agrégé d’histoire en classe préparatoire au lycée Malherbe (Caen) et docteur en histoire médiévale, sous la direction de François Neveu, professeur émérite des universités à Caen ».  

Dès son introduction, Frank Mauger nous invite à « redécouvrir Marguerite de Lorraine », pas la femme pieuse à l’origine de fondation de nombreux couvents soignant les pauvres, mais de « cette femme d’Etat » qui a géré, administré et transmis la principauté à son fils.

Marguerite et la fabrique des Saints

Jusqu’en 1628, le nom de Marguerite de Lorraine est peu cité. Aucune démarche n’est effectuée pour la mettre en avant, que cela soit par les Clarisses ou par l’un des membres de la Maison d’Alençon ou la Maison de Lorraine (dirigée par les de Guise). Il faut dire que la duchesse d’Alençon-Valois avait des ennemis au sein du duché, chez les religieux ou les officiers. En 1628, un Jésuite du collège d’Alençon entreprend les démarches pour débuter un procès en vue d’une canonisation. Une vita est publiée par les Clarisses, listant les miracles effectuées sur la tombe de Marguerite.

La Première Guerre mondiale achevée, la IIIe République veut resserrer les liens avec les Catholiques et Lorrains. De son côté, « le Saint-Siège tente d’apaiser les relations avec la France bleu horizon, suite aux relations douloureuses de la loi 1905. » Ainsi, « Jeanne d’Arc, native de Lorraine, et Marguerite de Lorraine sont respectivement canonisées en 1920 et béatifiées en 1921. »

De la Provence à Alençon

Marguerite de Lorraine, Détail du vitrail de l’église Saint-Barthélémy (Le Pin-la-Garenne), époque Renaissance. (Photo : Michel Ganivet)

Appartenant à la maison de Lorraine, la jeune Marguerite est élevée en Provence, auprès de son grand-père le « bon roi René ». En 1488, elle épouse le duc René d’Alençon, membre de la Maison Valois-d’Alençon (une branche princière de la famille royale). « Très vite, son mari l’associe au pouvoir, en raison de la différence d’âge entre les deux époux et les prétentions des nombreux barons ». En visitant les grandes cités du duché d’Alençon et du comté du Perche, mais aussi des seigneuries de La Flèche, Château-Gontier, elle prend connaissance des réalités financières de la principauté et de la misère de la population.

« En 1490, un héritier mâle naît, en la personne de Charles, portant le nom de son parrain le roi Charles VIII. Deux ans plus tard, le 2 novembre 1492, René décède brutalement, alors qu’elle a 29 ans et 3 enfants, dont un seul héritier mâle, descendant de Saint-Louis », nous rappelle l’historien.

 

L’exercice du pouvoir au féminin

D’après Franck Mauger, « pour pérenniser le duché, Marguerite de Lorraine s’implique dans la gestion économique, financière, diplomatique et religieuse de la Principauté. » Concrètement, elle fait « légitimer l’exercice de la tutelle des enfants princiers, en se rendant plusieurs fois à Paris et en s’opposant aux aristocrates normands » qui convoitent la couronne ducale. En se rendant à la chambre des comptes, elle montre ses prérogatives de gestionnaires : remboursement de la « dette de 241 000 livres », diminution du personnel de justice et administratif, réduction des frais de cour.  Aussi, « elle fait rédiger la Coutume du Perche. »

Le couvent Saint-François, vu du cloitre (photo : Frédéric Chéhu, Pays du Perche, n°26)

Enfin, elle prépare l’avenir, en « transmettant le duché à son fils ». Pour Franck Mauger, « à sa naissance, Charles est le 3e prétendant au trône royal, après Louis d’Orléans (Louis XII, de 1498 à 1515) et François d’Angoulême (François 1er, de 1515 à 1547). Jusqu’à la naissance du 1er fils de François 1er (François en 1518), Charles est l’héritier de la couronne de France. » Pour cela, Marguerite le prépare à la fonction, en le « faisant un prince, un chevalier, un prince pieux et obéissant à la couronne de France. » Parallèlement, elle multiplie les fondations d’hôtel-Dieu, confiés aux Clarisses (à l’image du couvent Saint-François de Mortagne).

Avant que ne débute les manifestations diocésaines en mémoire de Marguerite de Lorraine (novembre 2020-novembre 2021), cette conférence a permis de découvrir une nouvelle facette de la personnalité de la duchesse douairière d’Alençon et comtesse du Perche.

Près de 130 personnes présentes à cette conférence passionnante, réalisée par un historien passionné. (Photo : Michel Ganivet)

Les échos de la presse

# « Franck Mauger raconte marguerite de Lorraine », dans Ouest-France, publié le 18 novembre 2019.

# « A Mortagne, une conférence sur Marguerite de Lorraine, duchesse douairière d’Alençon », dans Le Perche, publié le 22 novembre 2019.

Les publications des Amis du Perche

Pelletier (Pierre), « Sur les pas de MARGUERITE de LORRAINE » (promenade des Amis du Perche d’Eure-et-Loir) ; Poisson (Georges), « Retour à la chapelle de MARGUERITE de LORRAINE » (patrimoine), dans les Cahiers Percherons, n°168, 4e trim. 2006. 7€ (sans les frais de port).

Gausseron (Elisabeth) et Chéhu (Frédéric), « Le cloître et la chapelle Saint-François à Mortagne-au-Perche », dans Pays du Perche, n°26, décembre 2016. 7,80€ (sans les frais de port).

Gausseron (Elisabeth), « Dossier patrimoine : Mortagne-au-Perche« , dans Pays du Perche, n°31, mai 2019. 7,80€ (sans les frais de port).

Publié le 27 décembre 2019, mis à jour le 28 décembre.

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