"L'école autrefois dans l'Orne (XVIIIe - XXe siècles)"

Une conférence à double voix de
Philippe Charpentier de Beauvillé et de Patrick Birée

organisée par la SHAO, à Alençon, samedi 13 avril 2024, 14h30

1°) L’apparition des instituteurs et institutrices à Mortagne, 1750-1830, par Philippe Charpentier de Beauvillé (Amis du Perche), docteur en histoire

Voulue par Louis XIV en 1695-1698, l’idée d’unir les Français par l’instruction n’est réalisée qu’avec l’Université de Napoléon en 1806-1808, issue de la persévérante construction législative de la Révolution.

Mortagne trouva, dès 1791, son premier instituteur en la personne de Louis Fizet. Mais elle n’hésita pas à utiliser jusqu’aux années 1820 les services de maîtres d’écriture, instituteurs particuliers, maîtres et maîtresses de pension, instituteurs privés… hérités des années 1760.

Comment pouvait-elle recruter, former, rémunérer… les instituteurs de l’avenir ? C’est Louis Charles Delestang qui fut le principal détecteur des nouveaux talents jusqu’en 1813, terme de son mandat de sous-préfet de l’arrondissement. Les municipalités successives, quant à elles, se heurtèrent moins à la médiocrité de candidats qu’à l’étroitesse de leurs ressources financières et à la résistance des familles.

Avec le Consulat et le Concordat, la loi Fourcroy de 1802 fait sortir l’instruction primaire du modèle des « petites écoles » et l’ouvre sur un enseignement « complémentaire » qui répond à la demande des familles de l’Orne. La création de l’Université et la généralisation du Brevet de capacité ouvrent un temps d’initiatives pour l’instruction des garçons et des filles, ainsi que pour l’encadrement des indigents et des tout-petits. Mortagne ouvre enfin une ligne budgétaire dédiée à l’instruction en 1809.

La monarchie constitutionnelle a la sagesse de suivre le même sillon, et redouble même d’intérêt pour l’instruction primaire et notamment des filles. Si la mode de l’école mutuelle touche Mortagne, les essais d’acclimatation de frères enseignants y échouent. En revanche, deux legs importants, en 1817 et 1822, permettent d’installer le primaire des garçons dans une véritable « maison d’école » et le primaire des filles indigentes dans une maison du centre-ville.

Ce n’est qu’avec la monarchie de la Charte et la loi Guizot, contemporaines de la naissance des écoles normales d’Alençon et d’Argentan en 1831-1833, que Mortagne voit enfin la première génération d’instituteurs et d’institutrices de la Révolution s’affirmer dans ses murs au profit des enfants de six à douze ans et, au-delà, avec les premiers projets d’instruction primaire supérieur.

Voir mes articles dans :
Cahiers percherons, n° 233, 1er trimestre 2023, et n° 236, 1er trimestre 2024 (sous presse)

2°) Les écoles primaires supérieures et les cours complémentaires de l'Orne aux XIXe et XXe siècles (1830-1960), par Patrick Birée, SHAO, Docteur en histoire?

Le XIXe siècle a vu le développement généralisé de l’école primaire en France, augmentant le niveau global des élèves dans les matières de base, lecture, écriture, calcul, arithmétique, et tout en prônant des valeurs morales très cadrées. La plupart des élèves quittaient l’école de bonne heure, à 12 ans, puis 13 ans, pour trouver un emploi, souvent manuel.

D’un autre côté, un petit nombre d’élèves, souvent de condition plus favorisée, pouvaient rejoindre le collège et parfois le niveau universitaire, les destinant à des emplois de niveau professionnel plus élevé (profession libérales, fonctions d’enseignement et d’encadrement, etc.).

Entre ces deux réalités, de manière un peu expérimentale entre 1830 et 1880, mais très structurée par les loi de Jules Ferry dans les années 1880, vont émerger les cours complémentaires, associés aux écoles primaires et les écoles primaires supérieures, plus autonomes, accueillant les meilleurs des « élèves du peuple ». Ceux-ci, garçons et filles, grâce à des cursus de formation plus longs, vont pouvoir accéder à des professions plus valorisantes dans la société. Sur la période 1830-1960, l’Orne présente 7 établissements de type EPS et 15 de type CC, assez bien répartis sur le territoire.

Étude sur l’Orne parue dans Des écoles pour les enfants du peuple en Normandie, Écoles primaires supérieures et cours complémentaires 1833-1960, sous la direction de Yves Marion, OREP ÉDITIONS, 2022.

Pratique :

# Conférence organisée par la Société historique et archéologique de l’Orne.
# Entrée libre et gratuite
# Samedi 13 avril 2024, 14h30.
# Salle Baudelaire, 20 rue Porchaine, 61000 Alençon.

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Page créée le 31 mars 2024, mise à jour le 14 avril 2024.

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