Le legs architectural de Marguerite de Lorraine dans le Perche

Conférence de Claude Boitard

Dimanche 1er août 2021, 15h30, église Saint-Germain de Loisé (Mortagne-au-Perche)

En cette année commémorative de la mort de Marguerite de Lorraine (1463-1521), il nous a semblé intéressant de consacrer une conférence à la question des traces architecturales visibles et disparues léguées par cette princesse à la province du Perche”.

Les nécessités de son époque (un demi-siècle après la Guerre de Cent-Ans) expliquent, bien sûr, pourquoi Marguerite de Lorraine a été une souveraine bâtisseuse, dans le Perche comme dans le reste de ses Etats. De plus, des découvertes toutes récentes, effectuées grâce au dépouillement d’archives jusqu’alors inexploitées, font voir comment ce qu’elle a fait à Mortagne a changé durablement la figure de la ville. Des  constructions qu’on lui attribuait jusqu’ici, on apprend ainsi qu’elle n’y est pour rien. D’autres toujours bien là ou dont il reste des traces peuvent lui être attribuées, ce que l’on découvre aujourd’hui à l’occasion de recherches approfondies. Au total, si les nécessités du temps ne suffisent pas à rendre compte de l’œuvre immobilière de Marguerite, peut-on remonter jusqu’à ce qui l’y a prédisposée ?

Tel sera l’objet de la conférence donnée par Claude Boitard, dimanche 1er août à 15h30, dans l’église saint-Germain de Loisé (proche de Mortagne-au-Perche), grâce au concours des associations des Amis du Perche et de Mortagne-au-Perche patrimoine. Le propos sera illustré à mesure par la projection de vues prises par Vincent Lebel.

Cette conférence est identique à celle donnée le samedi 19 juin à la chapelle Saint-François. Elle est réitérée, car le nombre de places était limité.

Cloitre du couvent Saint-François, Mortagne-au-Perche (crédit : Elisabeth Gautier-Desvaux)
Cloitre du couvent Saint-François, Mortagne-au-Perche (crédit : Elisabeth Gautier-Desvaux)

Une journée dédiée à Marguerite de Lorraine

Voici 500 ans, Marguerite de Lorraine faisait son tour d’adieu sur ses terres et Etats du duché d’Alençon et du comté du Perche. Malade, elle passa une dernière fois à Mortagne, son lieu de villégiature préféré, avant de s’éteindre au couvent des Clarisses à Argentan, le 19 novembre 1521.

Le dimanche 1er août, la ville de Mortagne, la paroisse Sainte-Céronne-au-Perche, le comité des fêtes de Loisé, Mortagne-au-Perche Patrimoine et les Amis du Perche de l’Orne se sont associés. Après avoir consacré une journée à l’historien et archéologue Michel Fleury (en août 2012) et au chanoine Jean Aubry (en août 2016), ils ont honoré cette année la petite-fille du « Bon roi René ».

Le matin, dans une église Saint-Germain comble pour la fête patronale de Loisé, le père Claude Boitard débutait son office en rendant hommage à Marguerite de Lorraine : l’épouse du duc René d’Alençon, la responsable politique qui a assaini la dette du duché (l’équivalent de 10 années budgétaires), la mère dévouée au profit de ses enfants dont son fils Charles IV d’Alençon (beau-frère du roi François 1er) et enfin la femme pieuse, qui créa de nombreuses maisons religieuses. Toutes les qualités de Marguerite de Lorraine ont été reconnues par l’Eglise, en la déclarant ‘‘Bienheureuse’’ le 15 mars 1921.

Mortagne au début de la Renaissance

L’après-midi, devant 60 personnes, Claude Boitard et Vincent Lebel ont rappelé « le legs architectural de Marguerite de Lorraine dans le Perche » ; en « établissant des vérités, en corrigeant des faits maintes fois répétés depuis plusieurs générations, en s’appuyant sur les recherches effectuées par des historiens dans les archives notariés », indique le 1er intervenant. De son côté, Vincent Lebel s’est attaché « à observer les pierres, pour essayer d’émettre des hypothèses. »

Vincent Lebel et Claude Boitard, des conférenciers passionnants et passionnés
Vincent Lebel et Claude Boitard, des conférenciers passionnants et passionnés

Ainsi, 45 ans après la fin de la Guerre de Cent ans, « lorsqu’elle devient duchesse douairière, c’est-à-dire gestionnaire du duché d’Alençon et du comté du Perche jusqu’à la majorité de son fils Charles IV, Marguerite de Lorraine modifie l’espace situé au sein de l’enceinte du fort de Toussaint. » De nouvelles maisons sont érigées. La maison médiévale des comtes du Perche est démantelée, au profit de nouvelles demeures.

La chapelle seigneuriale Notre-Dame est reconstruite, devenant une véritable église, de style gothique flamboyant, empiétant sur une partie de l’enceinte située entre la porte Saint-Denis et le beffroi de l’église. Son chevet plat intègre un vitrail à la gloire de la duchesse, « probablement réalisé de son vivant ». Au XIXe siècle, ce vitrail fut acquis par Patu de Saint-Vincent et placé dans l’église Saint-Barthélémy du Pin-la-Garenne, dont subsiste un portrait de Marguerite de Lorraine.

Les lieux de résidence établis dans le Perche

Aussi, plusieurs résidences de Marguerite de Lorraine ont été établies, avec démonstration. Ainsi, « alors que la tradition populaire mentionnait sa maison à proximité du futur couvent Saint-François [NDRL : actuellement rue Marguerite de Lorraine], nous savons dorénavant qu’elle résidait la partie gauche de l’Hôtel de Puisaye », raconte Claude Boitard. En échange, « ce que l’on pensait être sa maison n’était que le petit hôpital qu’elle acheta ». Il se trouvait à proximité du couvent Saint-François, où se retirèrent les religieuses de Sainte-Elisabeth de Hongrie.

A Mauves-sur-Huisne, lieu de villégiature estivale pour protéger ses enfants de la malaria (air malsain et pestilentielle des cours d’eau d’Alençon), « elle fait construire sa maison, qu’elle donna à son médecin Jean Goëvrot, futur médecin de François 1er. »

 

Ainsi, cette conférence a permis de découvrir un passé insoupçonné de Mortagne, l’implication de Marguerite de Lorraine pour transformer la ville à l’aube d’une nouvelle ère politique (l’époque moderne) et artistique (la Renaissance). Cette conférence sera publiée – à la fin de l’année – dans un numéro des Cahiers Percherons.

Pour aller plus loin :

Logo 500 ans de la mort de Marguerite de Lorraine

Samedi 19 juin 2021, chapelle de l’hôpital de Mortagne : Le legs architectural de Marguerite de Lorraine dans le Perche

Les nécessités de son époque (un demi-siècle après la Guerre de Cent-Ans) expliquent, bien sûr, pourquoi Marguerite de Lorraine a été une souveraine bâtisseuse, dans le Perche comme dans le reste de ses Etats. De plus, des découvertes toutes récentes, grâce aux archives, font voir comment ce qu’elle a fait à Mortagne a changé durablement la figure de la ville. Des constructions qu’on lui attribuait jusqu’ici, on apprend ainsi qu’elle n’y est pour rien. D’autres toujours bien là ou dont il reste des traces, aujourd’hui seulement on découvre que c’est elle qui les a voulues. Au total, si les nécessités du temps ne suffisent pas à rendre compte de l’œuvre immobilière de Marguerite, peut-on remonter jusqu’à ce qui l’y a prédisposée ?
Tel sera l’objet de la conférence donnée par Claude Boitard, samedi 19 juin à 18 heures, dans la chapelle de l’Hôpital de Mortagne, grâce au concours des associations des Amis du Perche et de Mortagne-au-Perche patrimoine. Le propos sera illustré à mesure par la projection de vues prises par Vincent Lebel.

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Site internet du Diocèse de Séez consacré à Marguerite de Lorraine : cliquez ici.

Page créée le 25 juillet 2021, mise à jour le 13 août.

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